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De nouveaux savons se mettent à côtoyer ceux traditionnels comme l’Alep ou le Marseille. Ils sont dits « saponifiés à froid ».

Ce procédé de fabrication, vieux de plusieurs millénaires, revient en pleine lumière après trois siècles de désaffection, à la plus grande joie de notre peau !

Bref historique

La saponification à froid est le plus ancien des procédés de fabrication du savon. Connue depuis l’Antiquité, elle serait originaire d’Alep (Syrie) puis se serait répandue dans tout le bassin méditerranéen grâce au commerce des Égyptiens. Chaque lieu avait ses matériaux de base : plantes (saponaire, luzerne, salicorne…) ou algues brûlées pour produire l’extrait caustique appelé « soude » ou al-qâli en arabe. Venaient ensuite les huiles locales (d’olive puis de noix, oeillete, colza et lin principalement pour les gras végétaux) et les graisses animales (suif de chèvre, de boeuf ou de porc).

 

Les lavandières avaient leurs astuces, léguées de génération en génération. Ainsi certaines ajoutaient du lait, des terres argileuses, des plantes séchées ou encore des huiles essentielles (rares), dont on sait qu’elles étaient employées depuis la Grèce Antique pour leurs multiples propriétés. Quelques recettes faisaient également état de l’emploi du sel comme agent adoucissant dans les savons de toilette.

Au XIIIe siècle, la production mécanisée est venue compléter la fabrication artisanale. Dès lors, les savonniers sont devenus un corps de métier à part entière. à compter du XVe siècle, les avancées dans le domaine de la chimie ont permis la fabrication dite « à chaud » et en masse des différents produits ménagers et cosmétiques. Marseille, mais aussi Nantes ont vu de nombreuses savonneries industrielles ouvrir. Deux avancées majeures ont fait varier les procédés de fabrication, aboutissant à l’emploi généralisé de laureth sulfate de sodium et autres agents tensioactifs synthétiques dont on se demande aujourd’hui quelles incidences ils peuvent avoir sur la santé humaine au long terme.

Et depuis quelques décennies est apparu le terme de « bondillon ». Il désigne de petites billes de savon qui sont passées dans de grandes machines pour les malaxer et leur ajouter huiles et/ou lait (en petites quantités), parfums et colorants. Ils peuvent prendre bien des formes et des couleurs et ont pour grand avantage de pouvoir être revendus dès le lendemain de leur fabrication. Ils se reconnaissent facilement à leur composition principale (qui peut être bio) : palme et suif.

 

Procédé de fabrication

Soude caustique (NaOH) dissoute dans un liquide (eau, lait, décoction…) + gras (huiles, beurres) = savon + glycérine La saponification à froid :

– peut se faire sans surgraissage. A contrario il est d’usage de mettre plus de gras que la soude caustique ne peut en transformer, pour conserver les qualités intrinsèques des matières premières ;

– ne nécessite pas de relargage (technique de lessivage éliminant la surdose de soude caustique mais aussi la glycérine). Le savon garde toute sa glycérine et offre ses propriétés hydratantes à l’épiderme ;

– se fait à basse température. Les beurres sont chauffés doucement jusqu’à ce qu’ils deviennent liquides et sont mélangés à la lessive de soude lorsqu’ils sont descendus sous les 48°C. Ils ne sont ainsi pas altérés et conservent leurs propriétés ;

– le démoulage et la coupe se font quelques heures à quelques jours après la mise en moule ;

– les savons vont sécher ensuite pendant au minimum un mois. C’est la période dite de « la cure ».

Saponification à froid : la « haute couture » de la savonnerie

Les principaux freins à l’industrialisation de la saponification à froid sont le temps de séchage incompressible qui nécessite quatre à six semaines, et les nombreuses manipulations difficilement mécanisables. De plus, le plus longtemps le savon séchera, le plus longtemps il durera. à l’image d’un vin ou d’un fromage de tradition qui demandent un affinage, le savon à froid a lui aussi besoin de temps pour se bonifier. Ce procédé est ainsi resté l’apanage des artisans car jugé trop peu rentable par les industriels.

L’avantage majeur de cette méthode tient au respect des matières premières : travaillées « à froid », elles ne sont pas dénaturées et conservent la quasi totalité de leurs qualités intrinsèques.

Chaque recette contient volontairement plus d’huiles que la soude ne peut en saponifier : c’est le surgraissage. Celui-ci assure, en complément de la glycérine naturellement présente dans les savons à froid, l’hydratation de la peau. La toilette (re)devient un véritable soin nourrissant, respectueux de l’épiderme mais aussi de l’environnement puisque la totalité des composants sont 100% biodégradables.

Il devient alors logique de travailler avec des ingrédients d’excellence et rechercher des huiles de première pression à froid, de préférence issues de l’agriculture biologique. Ceci permettant d’éviter au maximum la présence inopportune de pesticides ou engrais chimiques qui provoquent souvent des réactions cutanées plus ou moins importantes.

Les colorants sont des pigments naturels, qui viennent ajouter leurs bienfaits au produit. Argiles, chlorophylles, jus de fruits et légumes, fleurs, épices ou encore oxydes naturels offrent une belle gamme de couleurs tout en assurant un respect maximal de la peau.

L’odeur de chaque recette peut être complétée par des fragrances et des huiles essentielles, dont l’usage domestique et médical tend à se répandre. Leur redécouverte vient ajouter à l’engouement récent du public pour le « retour au naturel ». On retiendra de leur emploi en savonnerie un bénéfice particulier : l’odeur ne reste pas sur la peau après le rinçage. Il est ainsi possible de mettre son parfum habituel sans que sa fragrance ne soit altérée. À chaque temps son plaisir.

D’autres ajouts contribuent aussi à créer des savons originaux. Ainsi, pour une exfoliation douce, les flocons d’avoine seront parfaits. Pour un gommage plus marqué, les fleurs de lavandin seront plus indiquées. Les savons au lait ont récemment fait un retour en force. Sachant que dans un savon on cherche à nettoyer et à protéger la peau, les laits gras tels que ceux de chèvre ou de brebis sont recommandés.

Enfin les recettes, formes, couleurs et parfums peuvent être adaptées pour créer un véritable « savon sur mesure » et la production en petites et moyennes quantités permet de répondre à tout un panel de besoins, occasionnels ou réguliers.

Ces « nouveaux » savons sont en réalité une réappropriation d’un savoir-faire ancestral, avec la vision contemporaine de la chimie qui permet de mieux comprendre ce procédé de fabrication. Doux, respectueux, il traduit l’engagement d’hommes et de femmes qui loin des écrans de télévision et des brevets, cherchent dans la simplicité et avec respect à prendre soin des autres, tous les autres, la Nature en premier lieu. Avec humilité et tout l’Amour qu’ils mettent à pratiquer leur art.

Retrouver vos savons saponifié à froid par ici

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